Sur les pas de Saint Romain

Partager sur: Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Google+

Edito du dimanche 24 novembre 2019 et vie de Saint Romain de Blaye.

Sur les pas de Saint Romain

Chaque personne humaine est un trésor immense qui doit se déployer pour Dieu et pour le monde. Toute vie humaine à besoin d’un stimulant pour libérer des merveilles inexploitées et inexplorées. La marche sur les pas d’un Saint est une démarche qui nous ouvre à la vie de sainteté. Parmi les personnes qui entendent l’appel du Christ, Dieu a choisi et sanctifié les chrétiens et il a fait d’eux des demeures vivantes de l’Esprit Saint. De jour en jour, à travers toutes les occasions et dans toutes les situations, ils deviennent des « alter Christus » au milieu du monde.

A ceux d’entre eux qui réalisent pleinement leur vocation chrétienne, il est donné de puiser dans les trésors du Ressuscité, des charismes qu’ils mettent au service de l’humanité. Ceux-là, qui montrent ainsi le visage du Christ, sont parvenus à la sainteté. Le Corps entier de l’Eglise les reconnait et couronne, en leur mérite, les dons de Dieu« Dans leur vie, Dieu nous procure un modèle, dans la communion avec eux une famille, et dans leur intercession, un appui ; afin que, nous courions jusqu'au bout l’épreuve qui nous est proposée et recevions avec eux l’impérissable couronne de gloire, par le Christ, notre Seigneur ».

Marcher sur les pas de Saint Romain de Blaye, c’est voyager physiquement pour aller, sur son chemin, pour voir les traces qu’il a laissées ; aller dans son milieu de vie pour rencontrer les hommes et voir ce qu’ils portent encore de lui. Marcher sur les pas de Saint Romain de Blaye c’est surtout, sur la base du concret et avec la complexité de notre vie d'aujourd'hui, nous reporter en esprit à lui, pour qu’il nous voie dans ce que nous sommes devenus et pour que nous le voyions vivre aujourd'hui sa vie et sa mission de fils de l’Eglise au service de Blaye. C’est découvrir et contempler les merveilles de Dieu dans sa vie de missionnaire de Blaye et le laisser nous adresser, à nous les Blayais d'aujourd'hui, les paroles de vie et de vérité.

Cette marche contemplative rétablit notre communion avec Saint Romain de Blaye dont nous devenons les porte-paroles à la suite du Christ, pour Blaye et pour le monde. Désormais, nous sommes modelés par cet ami de Dieu, qui nous appui et qui intercède pour nous dans notre engagement à l’œuvre d’édification du règne de Dieu.  

Abbé Patient AKAKPO, vicaire

SAINT ROMAIN, PATRON DES MARINIERS.

Né en 335, diacre à Carthage, désireux d'échapper aux schismes d'Afrique et d'évangéliser des terres païennes, certains historiens disent que saint Romain (335-385) était parti pour Rome en 370. Après avoir fortifié sa foi, il quitte la ville éternelle pour gagner la Gaule et y convertir les infidèles. Il séjourne à Narbonne, puis à Toulouse, un des hauts lieux de la chrétienté de l'époque.

Mais, d'après un manuscrit latin du x= siècle, nous avons une autre version: avant de partir de Carthage, il entendit une voix du ciel qui lui disait :

« Bon et fidèle serviteur, lève-toi promptement, sors de ce pays, qui t'a vu naître, hâte-toi de prendre une trirème (vaisseau de guerre comportant trois rangées de rameurs superposés) pour traverser la mer. Un bon vent et heureuse navigation, t'amèneront jusqu'à la ville de Bordeaux. C'est là que tu demanderas où est situé une place forte, appelée Blaye. Là, tu trouveras un temple élevé au démon; tu t'armeras d'audace pour le renverser et le réduire à néant, et sur ses ruines tu bâtiras une église au vrai Dieu. J'y appellerai mon fidèle serviteur et prêtre, Saint Martin, pour te seconder, et j'étendrai mon bras pour vous secourir. Je vous protégerai sans cesse ... »

En réalité, il se dirige vers le bord de la mer, et la vue d'un navire en partance, lui donne une joie inexprimable. Il s'embarque, et atteint, après une heureuse traversée, le port de Narbonne. Il s'arrêta quelque temps dans cette ville. Le Saint ­Esprit lui dictait sa conduite : « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle du Père qui m'a envoyé."

A Narbonne, il fit un miracle, en rendant la vie au fils d'une pauvre veuve, atteint d'une "fièvre maligne". Le Bienheureux demeura encore quelque temps dans la ville de Narbonne et un jour, Dieu lui ayant manifesté plus fortement sa volonté, Romain n'hésite plus; et dans l'ardeur de sa foi, il part plein de confiance, sans savoir de quel côté diriger ses pas.

Après quelques jours de marche, comme il approchait des environs de Toulouse, un soir qu'il s'était arrêté, harassé, l'esprit troublé et l'âme inquiète, il s'endormit. Tout à coup il aperçoit, debout auprès de lui, le saint martyr Saturnin, évêque de Toulouse. Ils ne s'étaient encore jamais vus, mais par une faveur céleste, ils se reconnurent, comme s'ils avaient toujours vécus ensemble. Romain raconta à Saturnin tout ce que Dieu lui avait ordonné en songe, et lui fit connaître le pays où il devait aller. Alors ce dernier l'exhorta vivement à accomplir au plus tôt ce que le Seigneur lui avait révélé.

A son réveil, Romain fortifié par cette nouvelle vision, repris sa route pour achever enfin ce voyage si heureusement commencé. Et hâtant le pas, il arriva bientôt aux portes de la ville de Bordeaux, sur les bords tant désirés de la Garonne.

Ensuite, il voulut rencontrer un évêque renommé pour sa foi, sa simplicité, sa passion missionnaire, l'évêque MARTIN, de Tours, qui devint ensuite saint MARTIN. C'est là qu'il fut ordonné prêtre par ce dernier, le 4 juillet 372, avec mission d'aller prêcher l'évangile, dans le territoire correspondant actuellement au Poitou, à la Saintonge, et à l'Angoumois. Il parvint à Blaye vers 380.

  1. Proust nous dit :

Mais presque soudain, des nuages sombres montent à l'horizon ; les flots se soulèvent avec fracas; on entend mugir au loin la tempête; la barque menace de sombrer au milieu des vagues en furie. Le saint sans s'en émouvoir, rassure les « nautoniers» (les marins), élève vers le ciel les mains suppliantes, conjurant le Seigneur de les sauver d'un si grand danger. Grâce à ses prières, plutôt qu'aux efforts des rameurs, la tourmente s'apaise, et la nacelle vient atterrir sous les murs  de Blaye.

Blaye se montre à ses regards. Dans ce moment, s'avance vers lui un homme vénérable. A sa démarche grave et majestueuse, à la sainteté qui brille sur tous ses traits, aux habits pontificaux dont il est revêtu, Romain reconnaît saint Martin, l'illustre thaumaturge. Aussitôt il court plein de joie, se jeter entre les bras de saint Martin qui lui donne sa bénédiction. Puis, entrant tous les deux, dans la ville de Blaye, ils marchent ensemble vers le temple de Jupiter (construit au 1er siècle). Une foule nombreuse les accompagne, et quel n'est pas l'étonnement de la multitude, quand on voit les deux inconnus placer leurs bâtons de voyage sur la statue de l'idole, et la faire tomber à terre réduite en poussière.

Les païens frappés de ce miracle, se convertissent en grand nombre et demande le baptême.

L'évêque Grégoire de Tours, (évêque au VIe siècle) nous dit :

« Il fit élever une église à la place d'un temple fameux, dédié aux faux dieux ; dès que le saint homme eut beaucoup travaillé au milieu du troupeau confié à ses soins, le grand évêque Martin, poussé par une inspiration divine, se mit en route, et arriva à Blaye auprès de son disciple mourant. On dit que Romain rendit heureusement l'esprit entre ses bras, que saint Martin fit lui-même sa sépulture, et déposa son corps sur ce même rivage.

Son tombeau est tout près de la ville de Blaye, sur les bords de la Gironde. Il fait fréquemment sentir la puissance de son intercession, en préservant du naufrage ceux qui du milieu des flots courroucés, s'écrient avec confiance : « saint Romain, serviteur de Dieu, ayez pitié de nous» ; car aussitôt la tempête s'apaise et on arrive heureusement au port. »

Son tombeau devint vite un lieu de pèlerinage vénéré dans le monde entier. Et à cause du miracle en mer, Saint Romain fut invoqué comme protecteur des mariniers.

Charlemagne bâtit plus tard une église sur le tombeau de saint Romain et il y fonda un monastère qui fut détruit par les guerres du XIVe siècle. D'après saint Grégoire de Tours, saint Romain mourut à Blaye le 24 novembre 382, mais Sigebert, au contraire fait mention de sa mort en l'année 385.

C'est cette date qui est le plus généralement adoptée.

Source : L’église Saint-Romain de Sèvres IMB Bayeux ; nov. 2009.

Partager sur: Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Google+