édito du 7 août 2022

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Hebdomadier des secteurs Pastoraux de Blaye et de Bourg

Pendant ces semaines des mois de juillet et d’août, la paroisse prend ses quartiers d’été. Depuis la semaine dernière, nous vous invitons, en guise d’édito, à méditer ces quelques convictions exprimées par le pape François sur le mystère de l’eucharistie et la façon de le vivre dans la liturgie. (Intégralité de la Lettre Apostolique ‘Desiderio desideravi’ sur : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/20220629-lettera-ap-desiderio-desideravi.html)

Bonne lecture !

5. Le monde ne le sait pas encore, mais tous sont invités au repas des noces de l’Agneau (Ap 19, 9). Pour être admis au festin, il suffit de porter l’habit nuptial de la foi, qui vient de l’écoute de sa Parole (cf. Rm 10, 17). L’Église taille ce vêtement sur mesure pour chacun, avec la blancheur d’un tissu lavé dans le Sang de l’Agneau (cf. Ap 7, 14). Nous ne devrions pas nous permettre ne serait-ce qu’un seul instant de repos, sachant que tous n’ont pas encore reçu l’invitation à ce repas, ou que d’autres l’ont oubliée ou se sont perdus en chemin dans les méandres de la vie humaine. C’est ce dont je parlais lorsque je disais : « J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation » (Evangelii gaudium, n° 27) : afin que tous puissent s’asseoir au repas du sacrifice de l’Agneau et vivre de Lui.

6. Avant notre réponse à son invitation — bien avant ! — il y a son désir pour nous, Nous n’en sommes peut-être même pas conscients, mais chaque fois que nous allons à la Messe, la raison première est que nous sommes attirés par son désir pour nous. De notre côté, la réponse possible — qui est aussi l’ascèse la plus exigeante — est, comme toujours, celle de nous abandonner à son amour, de nous laisser attirer par lui. Vraiment, toute réception de la communion au Corps et au Sang du Christ a déjà été désirée par Lui lors de la Dernière Cène.

22-23. La redécouverte continuelle de la beauté de la liturgie n’est pas la poursuite d’un esthétisme rituel qui ne prend plaisir qu’à soigner la formalité extérieure d’un rite ou se satisfait d’une scrupuleuse observance des rubriques. Il va de soi que cette affirmation ne vise nullement à approuver l’attitude opposée qui confond la simplicité avec une banalité débraillée, l’essentialité avec une superficialité ignorante, ou le caractère concret de l’action rituelle avec un fonctionnalisme pratique exaspérant. Soyons clairs : tous les aspects de la célébration doivent être soignés (espace, temps, gestes, paroles, objets, vêtements, chant, musique...) et toutes les rubriques doivent être respectées : une telle attention suffirait à ne pas priver l’assemblée de ce qui lui est dû, c’est-à-dire le mystère pascal célébré selon le rituel établi par l’Église. Mais même si la qualité et le bon déroulement de la célébration étaient garantis, cela ne suffirait pas pour que notre participation soit pleine et entière.

 24 Si notre émerveillement pour le mystère pascal rendu présent dans le caractère concret des signes sacramentels venait à manquer, nous risquerions vraiment d’être imperméables à l’océan de grâce qui inonde chaque célébration. Les efforts, certes louables, pour améliorer la qualité de la célébration ne suffisent pas, pas plus que l’appel à une plus grande intériorité : même cette dernière court le risque d’être réduite à une subjectivité vide si elle n’accueille pas la révélation du mystère chrétien. La rencontre avec Dieu n’est pas le fruit d’une recherche intérieure individuelle, mais un événement donné : nous pouvons rencontrer Dieu à travers le fait nouveau de l’Incarnation qui, dans la dernière Cène, va jusqu’à désirer être mangé par nous. Comment la disgrâce de perdre la fascination de la beauté de ce don pourrait-elle nous arriver ?

 31 Dans cette lettre, je ne peux pas m’attarder avec vous sur la richesse des diverses expressions de ce passage, que je laisse à votre méditation. Si la liturgie est « le sommet vers lequel tend l’action de l’Église et, en même temps, la source d’où découle toute son énergie » (Sacrosanctum Concilium, n.10), alors on comprend bien l’enjeu de la question liturgique. Il serait banal de considérer les tensions, malheureusement présentes autour de la célébration, comme une simple divergence entre différentes sensibilités envers une forme rituelle. La problématique est avant tout ecclésiologique. Je ne vois pas comment on peut dire que l’on reconnaît la validité du Concile – encore que je m’étonne qu’un catholique puisse prétendre ne pas le faire – et ne pas accepter la réforme liturgique née de Sacrosanctum Concilium, un document qui exprime la réalité de la liturgie en lien intime avec la vision de l’Église admirablement décrite par Lumen Gentium. Pour cette raison – comme je l’ai expliqué dans la lettre envoyée à tous les évêques – j’ai estimé qu’il était de mon devoir d’affirmer que « les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont l’unique expression de la lex orandi du Rite romain » (Motu Proprio Traditionis custodes, art. 1).

La non-acceptation de la réforme, ainsi qu’une compréhension superficielle de celle-ci, nous détournent de la tâche de trouver les réponses à la question que je répète : comment pouvons-nous grandir dans la capacité de vivre pleinement l’action liturgique? Comment continuer à nous laisser surprendre par ce qui se passe dans la célébration sous nos yeux? Nous avons besoin d’une formation liturgique sérieuse et vitale.

 36 Je pense au rythme régulier de nos assemblées qui se réunissent pour célébrer l'Eucharistie le jour du Seigneur, dimanche après dimanche, Pâques après Pâques, à des moments particuliers de la vie des personnes et des communautés, à tous les âges de la vie. Les ministres ordonnés accomplissent une action pastorale de première importance lorsqu'ils prennent par la main les fidèles baptisés, afin de les conduire dans l’expérience répétée de la Pâque. Rappelons- nous toujours que c'est l’Église, le Corps du Christ, qui est le sujet célébrant et non pas seulement le prêtre. La connaissance qui découle de l'étude n'est que le premier pas pour pouvoir entrer dans le mystère célébré. Il est évident que pour pouvoir conduire leurs frères et sœurs, les ministres qui président l’assemblée doivent connaître le chemin en l'ayant étudié selon l’itinéraire donné pour leurs études théologiques mais aussi en ayant fréquenté la liturgie dans la pratique effective d'une expérience de foi vivante, nourrie par la prière – et certainement pas seulement comme une obligation à remplir. Le jour de son ordination, chaque prêtre entend l'évêque lui dire: « Réalise ce que tu vas faire, imite ce que tu vas célébrer, conforme la vie ou mystère de la croix du Christ Seigneur ››

 38 Pour les ministres comme pour tous les baptisés, la formation liturgique dans son sens premier n'est pas quelque chose qui peut être acquis une fois pour toutes. Puisque le don du mystère célébré dépasse notre capacité de le connaître, cet effort doit certainement accompagner la formation permanente de tous, avec l'humilité des petits, l'attitude qui ouvre à l’émerveillement.

 47 Toujours en pensant à la manière dont la Liturgie nous forme, une autre question décisive est l’éducation nécessaire pour pouvoir acquérir l’attitude intérieure qui nous permettra d’utiliser et de comprendre les symboles liturgiques. Je pense aux parents, ou plus peut-être, aux grands-parents, mais aussi à nos pasteurs et catéchistes. Beaucoup d’entre nous ont appris d’eux la force des gestes de la liturgie, comme, par exemple, le signe de la croix, l’agenouillement, les formules de notre foi. Peut-être n’avons-nous pas de souvenir de cet apprentissage, mais nous pouvons facilement imaginer le geste d’une grande main qui prend la petite main d’un enfant et l’accompagne lentement en traçant pour la première fois sur son corps le signe de notre salut. Des paroles accompagnent le mouvement, elles aussi dites lentement, presque comme si elles voulaient s’approprier chaque instant du geste, prendre possession de tout le corps : « Au nom du Père... et du Fils... et du Saint-Esprit… Amen. » Et puis la main de l’enfant est laissée seule, et on la regarde répéter toute seule, avec une aide toute proche en cas de besoin. Mais ce geste est maintenant consigné, comme une habitude qui va grandir avec lui, en lui donnant un sens que seul l’Esprit sait lui donner. Dès lors, ce geste, avec sa force symbolique, est à nous, il nous appartient, ou mieux, nous lui appartenons. Il nous donne une forme. Nous sommes formés par lui. Il n’est pas nécessaire de faire beaucoup de discours ici. Il n’est pas nécessaire d’avoir tout compris dans ce geste. Ce qu’il faut, c’est être petit, à la fois en l’enseignant et en le recevant. Le reste est l’œuvre de l’Esprit. C’est ainsi que nous sommes initiés au langage symbolique. Nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller d’une telle richesse. En grandissant, nous aurons d’autres moyens de comprendre, mais toujours à condition de rester petits.

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