édito du 6 mars 2022
Le christianisme n’est pas la seule religion qui souligne l’importance du renoncement pour avoir accès à Dieu. Durant le jeûne du Ramadan, l’Islam impose aux croyants une discipline ascétique dont peu de chrétiens accepteraient aujourd’hui les exigences. Il en va de même pour les juifs le jour de l’expiation.
Le mot carême (quadragésime) veut dire quarante. Les 40 jours du carême vont nous permettre de revivre avec le Christ au désert les 40 années de la marche des Hébreux vers la terre promise. Au long de ces années, le peuple que guidait Moise eut souvent faim et soif, parfois il se découragea, mais il fit surtout l’expérience unique de la tendresse de Dieu envers lui.
Ce qui caractérise le carême chrétien, c’est qu’il consiste à suivre le christ. « J’aime la pauvreté, parce qu’il l’a aimée ». On peut ajouter, je fais pénitence, parce qu’il a jeûné.
La rencontre du Christ au désert, en ce premier dimanche du carême, revêt donc une importance primordiale. L’image de Jésus passant quarante jours à jeûner parmi les bêtes sauvages tenté par le diable puis servi par les anges, a pour tout le peuple de Dieu une valeur exemplaire. Elle fait entendre un appel au cœur de chacun, l’appel du désert : l’homme ne se retourne vers Dieu, il n’approfondit sa relation à lui, que s’il accepte d’entrer dans certaines zones de silence profond, pour se nourrir de sa parole et se battre contre les forces du mal. C’est là qu’il apprend à avoir faim du christ, seul pain vivant et vrai, à progresser dans la connaissance de Jésus christ.
Au sein de l’Église catholique, le carême est un temps de conversion en préparation aux fêtes pascales qui se prolongent jusqu’à la Pentecôte. « Les temps et jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Église. Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires) ». CEC n° 1438)
On ne peut vivre un carême chrétien qu’en regardant « les yeux fixés sur jésus » (He.12, 2). C’est une œuvre d’amour, d’amour du christ et de tous ceux qu’il appelle ses frères.
Bon et fructueux carême.
Père Jonas NAWANOU