édito du 21 mai 2023
Fête de la Pentecôte
Dieu, par le ciel ouvert, la Pentecôte, fait tomber ton Esprit dans nos évènements. L’invisible devient lisible. Nouveau buisson ardent, la terre prend feu. Cette Pentecôte, certains voudraient croire qu’elle est venue trop tard et qu’elle aurait mieux fait de faire irruption à l’improviste, le jour où ton Christ était conduit au tribunal, et qu’elle aurait mieux fait de faire une descente en flamme de feu du ciel à l’heure où ton fils était cloué sur la croix. Tes langues de feu auraient mieux fait de tirer sur la troupe, la nuit où elle est venue se saisir de Jésus.
Mais, cette nuit- là, rien, et ce jour -là rien. Quelle tête ils auraient faite pourtant, les autres, et quels cris de nos paniques si ton feu du ciel était tombé au bon moment, comme un bombardement, si ce souffle de ton Esprit à déraciner les montagnes avait renversé la foule comme des soldats de plomb, si ce bruit à réveiller la mort les avait cloués sur place de peur et de frayeur. Les portes de la ville auraient brûlé aussi, le malheur se serait répandu derrière les remparts et toi, Dieu, tu serais rentré en vainqueur. Seulement la Pentecôte n’a pas eu lieu en ce jour- là mais plus tard, cinquante jours plus tard, car ton Esprit ne vient jamais quand on l’attend mais quand on ne l’attend plus. C’est quand la peur s’est installée et quand les portes sont verrouillées que l’Esprit fait irruption. La Pentecôte n’est pas le retour des choses, la restauration d’avant la mort. La Pentecôte ne passe pas à pieds joints sur Pâques. La Pentecôte n’est pas l’oubli de Pâques, ce n’est pas la réponse de Dieu à Pilate, à Caïphe, aux pharisiens ou aux Romains. La Pentecôte n’est pas la réponse mais la question. La Pentecôte ne clôt pas la question de Pâques elle l’ouvre, elle l’ouvre en grand, elle l’ouvre aux vents du dehors, elle l’ouvre au large du monde entier. Mon Dieu, mon Dieu, fais craquer en nous cette ouverture. Amen