Vendredi Saint, la Passion du Seigneur

Quelques photos de la célébration de la Passion et du chemin de croix aux flambeaux à Cars le 18 avril 2014 et quelques extraits de la méditation du Pape François.

Visionnez la vidéo des photos de la célébration de la Passion et du chemin de croix à Cars

dans "Secteur Pastoral"

 

IMG 1676

Ière STATION Jésus condamné à mort

Le doigt pointé qui accuse

(...) La condamnation hâtive de Jésus regroupe les accusations faciles, les jugements superficiels parmi les gens, les insinuations et les préjugés qui ferment les cœurs et se font culture raciste, d’exclusion et de marginalisation, avec les lettres anonymes et les horribles calomnies. (...)

Et nous ? Saurons-nous avoir une conscience droite et responsable, qui ne tourne jamais le dos à l’innocent, mais prend position, avec courage, pour défendre les faibles, en résistant à l’injustice et en défendant la vérité violée ?

 

IIème STATION Jésus est chargé de la croix

Le lourd bois de la crise

Il pèse, ce bois de la croix, parce que sur lui Jésus porte les péchés de nous tous. Il chancelle sous ce poids, trop grand pour un seul homme (Jn 19, 17).

C’est aussi le poids de toutes les injustices qui ont provoqué la crise économique avec ses graves conséquences sociales : précarité, chômage, licenciements, l’argent qui gouverne au lieu de servir, la spéculation financière, les suicides des entrepreneurs, la corruption et l’usure, avec les entreprises qui abandonnent leur propre pays.

C’est cela la lourde croix du monde du travail, l’injustice mise sur les épaules des travailleurs. Jésus la prend sur les siennes et nous enseigne à ne plus vivre dans l’injustice, mais à être capables, avec son aide, de créer des ponts de solidarité et d’espérance, pour ne pas être des brebis errantes et égarées dans cette crise. (...)

 

IIIème STATION Jésus tombe pour la première foisIMG 1680

La fragilité qui nous ouvre à l’accueil

(...) Jésus nous enseigne à accepter nos fragilités, à ne pas nous décourager à cause de nos échecs, à reconnaître avec loyauté nos limites : « Ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien - dit saint Paul - mais pas de l’accomplir » (Rm 7, 18).

Avec cette force intérieure qui lui vient du Père, Jésus nous aide aussi à accueillir la fragilité des autres ; à ne pas nous acharner sur celui qui est tombé, à ne pas être indifférent envers celui qui tombe. Et il nous donne la force de ne pas fermer la porte à celui frappe à nos portes, demandant asile, dignité et patrie. Conscients de notre fragilité, nous accueillerons parmi nous la fragilité des immigrés, afin qu’ils trouvent sécurité et espérance. (...)

 

IVème STATION Jésus rencontre sa Mère

Les larmes solidaires

(...) Marie recueille toutes les larmes de chaque maman pour ses enfants lointains, pour les jeunes condamnés à mort, massacrés ou démolis par la guerre, surtout les enfants-soldats. Nous y entendons le gémissement déchirant des mères, pour leurs enfants, mourants de tumeurs causées par les incendies des déchets toxiques.

Larmes très amères ! Partage solidaire du supplice des enfants ! Mères qui veillent la nuit, avec les lampes allumées, anxieuses pour les jeunes emportés par la précarité ou engloutis par la drogue et l’alcool, surtout les samedis soirs. (...)

 

Vème STATION Jésus est aidé par Simon Cyrène à porter sa croix

La main amie qui relève

(...) Simon a certainement imprimé dans le cœur de ses fils la force de la croix de Jésus. Parce que la vie, si tu la tiens trop serrée, moisit et se dessèche. Mais si tu l’offres, elle fleurit et se fait épis de grain, pour toi et pour toute la communauté.

Là se trouve la vraie guérison de notre égoïsme, toujours aux aguets. La relation avec les autres nous régénère et crée une fraternité mystique, contemplative, qui sait admirer la grandeur sacrée du prochain, qui sait découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter les contrariétés de la vie, en s’accrochant à l’amour de Dieu. C’est seulement en ouvrant le cœur à l’amour divin, que je suis incité à chercher le bonheur des autres à travers les multiples gestes du volontariat : une nuit à l’hôpital, un prêt sans intérêts, une larme essuyée en famille, la gratuité sincère, l’engagement clairvoyant au service du bien commun, le partage du pain et du travail, en vainquant toute forme de jalousie et d’envie.

 

IMG 1682

VIème STATION Véronique essuie le visage de Jésus

La tendresse féminine

(...) Face à une femme qui vient à sa rencontre sans hésitation, Jésus alors s’arrête. C’est Véronique, vraie image féminine de la tendresse !

Le Seigneur, ici, incarne notre besoin de gratuité amoureuse, de nous sentir aimés et protégés par des gestes empressés et prévenants. Les caresses de cette créature se baignent du sang précieux de Jésus et semblent enlever les actes de profanation qu’il a subis, en ces heures de tortures. Véronique arrive à toucher le doux Jésus, à effleurer sa candeur. Non seulement pour soulager, mais aussi pour participer à sa souffrance. En Jésus, elle reconnaît tout prochain à consoler, avec une touche de tendresse, pour rejoindre le gémissement de douleur de tous ceux qui aujourd’hui ne reçoivent ni assistance ni chaleur de compassion. Et meurent de solitude. (...)

 

VIIème STATION Jésus tombe pour la seconde fois

L’angoisse de la prison et de la torture

(...) Nous reconnaissons en Jésus l’expérience amère des détenus de chaque prison, avec toutes ses contradictions inhumaines. Entourés et encerclés, "poussés avec force à tomber". La prison, aujourd’hui, est encore tenue trop à l’écart, oubliée, répudiée par la société civile. Il y a les absurdités de la bureaucratie, les lenteurs de la justice. Double peine est ensuite la surpopulation carcérale : c’est une douleur aggravée, une injuste oppression, qui consume la chair et les os. Certains – beaucoup trop – ne s’en sortent pas… Et même quand l’un de nos frères sort, nous le considérons encore comme un ‘‘ex-détenu’’, en lui fermant ainsi les portes du rachat social et du travail.

Mais plus grave est la pratique de la torture, hélas toujours diffuse en diverses parties de la terre, en de multiples formes. Comme ce fut le cas pour Jésus : Lui aussi frappé, humilié par une horde de soldats, torturé sous la couronne d’épines, flagellé avec cruauté. (...)

 

VIIIème STATION Jésus rencontre les femmes de Jérusalem

Partage et non commisérationIMG 1719

Les figures féminines se présentent comme des flambeaux allumés le long du chemin de douleur. Femmes de fidélité et de courage qui ne se laissent pas intimider par les gardes ni scandaliser par les plaies du Bon Maître. Elles sont prêtes à le rencontrer et à le consoler. Jésus est là devant elles. Il y en a qui le frappent alors qu’il s’effondre à terre, épuisé. Mais les femmes sont là, promptes à lui donner cette émotion chaleureuse que le cœur ne peut plus réfréner. Elles le regardent d’abord de loin, mais se rapprochent ensuite, comme fait tout ami, tout frère ou sœur quand il s’aperçoit de la difficulté que vit la personne aimée.

Pleurons sur nous-mêmes si nous ne croyons pas encore en ce Jésus qui nous a annoncé le Royaume du salut. Pleurons sur nos péchés non encore confessés. Et aussi, pleurons sur ces hommes qui déchargent sur les femmes la violence qu’ils ont en eux. Pleurons sur les femmes devenues esclaves de la peur et de l’exploitation. Mais il ne suffit pas de se battre la poitrine et d’éprouver de la compassion. Jésus est plus exigeant. Les femmes doivent être rassurées comme il l’a fait lui, aimées comme un don inviolable pour toute l’humanité. Pour la croissance de nos enfants, en dignité et en espérance.

 

IXème STATION Jésus tombe pour la troisième fois

Vaincre la mauvaise nostalgie

(...) C’est le cri de ceux qui sont persécutés, des mourants, des malades en phase terminale, des opprimés sous le joug.

Mais en Jésus, sa force est aussi visible. Il nous indique qu’il y a toujours sa consolation dans l’affliction, un “au-delà” à entrevoir dans l’espérance. Comme l’émondage des arbres que le Père céleste pratique avec sagesse sur les sarments qui portent du fruit (cf. Jn 15, 8). Jamais pour abattre, mais toujours pour la nouvelle floraison. Comme une mère quand arrive son heure : elle est affligée, elle gémit, elle souffre dans l’enfantement. Mais elle sait que, vraiment par cette taille, ce sont les douleurs de la vie nouvelle, du printemps en fleurs. (...)

 

Xème STATION Jésus est dépouillé de ses vêtements

L’unité et la dignité

C’était seulement le sang qui le couvrait, qui sortait à flots de ses grandes blessures.

La tunique resta intacte : symbole de l’unité de l’Église, une unité à retrouver en un chemin patient, dans une paix artisanale, construite chaque jour, dans un tissu recomposé avec les fils d’or de la fraternité, dans la réconciliation et dans le pardon réciproque.

En Jésus, innocent dénudé et torturé, reconnaissons la dignité violée de tous les innocents, spécialement des petits. Dieu n’a pas empêché que son corps dépouillé fût exposé sur la croix : il l’a fait pour racheter chaque abus injustement couvert et démontrer que Lui, Dieu, est irrévocablement et sans moyens termes du côté des victimes.

 

IMG 1739

XIème STATION Jésus est crucifié

Près du lit des malades

(...) Aujourd’hui aussi, comme Jésus, beaucoup de nos frères et sœurs sont cloués sur un lit de douleur, dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, dans nos familles. C’est le temps de l’épreuve, dans l’amertume des jours de solitude et aussi de désespoir. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46)

Que nos mains ne soient jamais pour transpercer mais pour approcher, consoler et accompagner les malades les relevant de leur lit de douleur. La maladie ne demande pas de permission. Elle arrive toujours de façon inattendue. Parfois elle bouleverse, limite les horizons, met à dure épreuve l’espérance. Son fiel est amer. Mais si nous trouvons, à côté de nous, quelqu’un qui nous écoute, qui se tient près de nous, s’assied sur notre lit… seulement alors, la maladie peut devenir une grande école de sagesse, de rencontre avec le Dieu Patient. Quand quelqu’un prend sur lui nos infirmités, par amour, alors même la nuit de la douleur s’ouvre à la lumière pascale du Christ crucifié et ressuscité. Ce qui humainement est une condamnation peut se transformer en offrande rédemptrice, pour le bien de nos communautés et de nos familles. À l’exemple des saints.

 

XIIème STATION Jésus meurt sur la croix

Le gémissement des sept paroles

(...) “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27, 46). C’est le cri de Job, de tout homme frappé par le malheur. Et Dieu se tait. Il se tait parce sa réponse est là, sur la croix : c’est Lui, Jésus, la réponse de Dieu, Parole éternelle incarnée par amour.

“Souviens-toi de moi…”(Lc 23,42). L’invocation fraternelle du malfaiteur, fait compagnon de douleur, pénètre le cœur de Jésus, qui y entend l’écho de sa douleur-même. Et Jésus écoute cette supplication : “Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis” (Lc 23, 42-43). Toujours, la douleur de l’autre nous rachète, parce qu’elle nous fait sortir de nous-mêmes.

“Femme, voici ton fils ! …”(Jn 19, 26). Mais c’est sa Mère, Marie, qui avec Jean se tenait sous la croix, brisant la peur. Il la remplit de tendresse et d’espérance. Jésus ne se sent plus seul. Comme pour nous, si, à côté de notre lit de douleur, il y a quelqu’un qui nous aime ! Fidèlement. Jusqu’au bout.

“J’ai soif ”(Jn 19, 28). Comme l’enfant demande à boire à la maman ; comme le malade brûlé de fièvre… La soif de Jésus est celle de tous les assoiffés de vie, de liberté, de justice ; c’est la soif du plus grand assoiffé : Dieu, qui, infiniment plus que nous, a soif de notre salut.

“Tout est accompli” (Jn 19, 30). Tout : chaque parole, chaque geste, chaque prophétie, chaque instant de la vie de Jésus. La tapisserie a reçu la dernière touche. Les mille couleurs de l’amour maintenant resplendissent de beauté. Rien n’a été gaspillé. Rien n’a été jeté. Tout est devenu amour. Tout est consommé pour moi et pour toi ! Et alors, la mort a aussi un sens !

“Père pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23, 34). Maintenant, héroïquement, Jésus sort de la peur de la mort. Parce que si nous vivons dans l’amour gratuit, tout est vie. Le pardon nous renouvelle, il guérit, transforme et console ! Il crée un peuple nouveau. Il arrête les guerres.

“Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23, 46). Non plus la désespérance duvide. Mais la confiance pleine entre les mains du Père, l’abandon à son cœur. Parce que “ en Dieu, chaque fraction se recompose, finalement en unité ! ”

 

IMG 1707

XIIIème STATION Jésus est descendu de la croix

L’amour est plus fort que la mort

Avant d’être mis au tombeau, Jésus est remis finalement à sa Mère. C’est l’icône d’un cœur transpercé qui nous dit que la mort n’empêche pas le dernier baiser de la mère à son enfant. Prostrée sur le corps de Jésus, Marie s’enchaîne dans une étreinte totale avec Lui. Cette icône est appelée simplement “Pietà”. C’est poignant, mais cela montre que la mort ne rompt pas l’amour. Parce que l’amour est plus fort que la mort ! L’amour pur est celui qui dure. Le soir est arrivé. La bataille est remportée. L’amour n’a pas été brisé. Celui est prêt à sacrifier sa vie pour le Christ, la retrouvera. Transfigurée, au-delà de la mort.

Des larmes et du sang sont mêlés en cette tragique remise. Comme la vie dans nos familles qui, par moments, est bouleversée par des pertes imprévues et douloureuses, avec un vide impossible à combler, surtout lors de la mort d’un enfant. (...)

 

XIVème STATION Jésus est mis au tombeau

Le jardin nouveau

(...) La mort nous désarme, nous fait comprendre que nous sommes exposés à une existence terrestre qui a un terme. Mais c’est devant ce corps de Jésus déposé au tombeau que nous prenons conscience de qui nous sommes : des créatures qui, pour ne pas mourir, ont besoin de leur Créateur. Le silence qui enveloppe ce jardin nous permet d’écouter le bruissement d’une brise légère : “ Je suis le Vivant, et je suis avec vous” (cf. Ex 3, 14). Le voile du temple s’est déchiré. Finalement nous voyons le visage de notre Seigneur ! Et nous connaissons en plénitude son nom : Miséricorde et Fidélité, pour ne jamais rester confus, même devant la mort, parce que le Fils de Dieu fut libre parmi les morts (cf. Ps 87, 6 Vulg.).