"Faut-il que Dieu nous aime !"

Notes de l'homélie de la messe des Rameaux, le 13 avril 2014 à Blaye et photos des célébrations.

"Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d'autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »"   (Matthieu 21, 8-9)

Nous voici donc à l'entrée de cette grande semaine qui va nous conduire jusqu'à Pâques. Ces quarante jours de Carême, cette Semaine Sainte, n'ont pas d'autre but que de nous conduire jusqu'au mystère pascal de Jésus, le mystère de sa mort et de sa résurrection. Nous venons d'entendre ce long récit de la Passion de Jésus. Le risque est grand de n'en rester qu'à l'extérieur de ce récit, de ce drame qui se joue, de n'être touché que dans nos émotions, que dans nos sentiments, que dans notre sensibilité. Nous sommes humains et cela compte certainement, cette sensibilité devant le drame de la Passion de Jésus. Mais nous ne devons pas en rester seulement à la surface des émotions. Il nous faut entrer dans le mystère même de Jésus qui donne sa vie, qui meurt pour nous et qui ressuscite pour nous. Nous pensons bien souvent que l'amour est une question de sentiments. Les sentiments ont une dimension importante, surtout aujourd'hui dans notre temps. On parle beaucoup d'émotion, comme si tout se jouait avec de l'émotion. Lorsque nous entendons ce récit de la Passion de Jésus, nous découvrons que l'amour, c'est bien plus, bien autre chose que de l'émotion. 

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Il y a de la part de Jésus une obéissance au Père. Jésus, dans son agonie à Gethsémani, sera tenté une dernière fois par Satan, pour lui faire douter de sa mission, de son offrande. Mais Jésus dira : Père, non pas ma volonté, mais la tienne. Que tout s'accomplisse selon ton désir. Et j'obéirai jusqu'à l'extrême, jusqu'à offrir ma vie, à mourir pour les pécheurs, c'est-à-dire pour nous, pour chacun d'entre nous." L'obéissance est une preuve magnifique, un témoignage de l'amour. Pensons-y les uns envers les autres : les conjoints mari et femme, dans les rapports parents-enfants, dans nos relations, dans notre vie dans l'Eglise. L'obéissance n'est pas soumission stérile mais l'obéissance nous fait grandir, elle est une preuve d'amour.

Une autre dimension importante de l'amour que nous découvrons à travers la Passion de Jésus, c'est la volonté. Jésus a la volonté d'aller jusqu'au bout, de souffrir, de mourir comme il l'annoncé. La volonté est une preuve de l'amour. Nous devons aimer et avoir la volonté d'aimer, la volonté d'aimer à la suite de Jésus jusqu'à l'extrême.

Le grand risque, c'est de s'habituer au mystère de Jésus. Pendant cette Semaine Sainte, il est bon de contempler Jésus sur la croix. Nous avons tous à la maison des crucifix. On passe devant sans prêter attention tellement nous sommes habitués. Décrochons-les de nos murs. Prenons un moment chaque jour, en famille, seul, pour contempler Jésus.

 

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"Jésus, c'est pour moi que tu as souffert ta Passion. Ce sont mes péchés que tu as porté. Tu as versé ton sang pour moi, pour me sauver de mon péché. Tu as assumé la mort pour que je sois délivré de ma propre mort. Ton éternité, Seigneur, ce n'est pas d'échapper à la mort, c'est de t'y soumettre, de la vivre, de l'endurer et d'en être victorieux par ta sainte Résurrection."

Pensons à méditer ce mystère de l'amour de Dieu. Faut-il que Dieu nous aime ! Lui le Créateur, lui l'inconnaissable, lui l'au-delà de tout, sans commencement ni fin, a voulu un jour du temps prendre notre condition. Le Créateur s'est fait créature, il s'est fait l'un de nous excepté le péché. Et comme cela ne suffisait pas, Dieu le Père a demandé à son Fils d'aller jusqu'à une extrême preuve de l'amour : donner sa vie pour ceux qu'on aime. Jésus accomplit cela. Jésus nous demande de le suivre dans sa Passion, de communier à sa Passion. Que nous même, dans l'amour que nous avons pour Dieu, dans l'amour que nous avons les uns pour les autres, nous puissions aimer dans l'obéissance, dans la volonté d'aimer, jusqu'à nous donner nous-même. Ne pas nous préserver, ne pas nous garder, mais se risquer dans l'amour de l'autre ; plus particulièrement dans l'amour de celui qui est faible, petit.

 

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Nous avons un guide sûr pour vivre cette Semaine Sainte, c'est la bienheureuse Vierge Marie. Elle était certainement là, à Jérusalem, lorsque son Fils est entré triomphalement, comme un roi. Etait-elle là au soir du Jeudi Saint ? L'Evangile ne nous le dit pas, mais nous savons qu'elle était là au pied de la croix, non pas avec les apôtres, avec un seul, saint Jean, les autres avaient fui. Il nous faut choisir : sommes-nous comme les apôtres, détournerons-nous notre visage de Jésus ? Ou sommes-nous comme Marie, comme saint Jean, avec la volonté d'aimer Jésus dans sa Passion et d'être là au pied de la croix, et d'être là aussi le matin de Pâques, témoins de sa résurrection.

Nous croyons en Jésus, le Fils de Dieu, vrai homme et vrai Dieu. Il est mort pour moi, il a souffert pour moi, il a porté mes péchés. Mais il a vaincu le péché et la mort. Il est ressuscité, à jamais vivant et je veux recevoir de lui la vie, la vie éternelle. Demandons cette grâce à la bienheureuse Vierge Marie. Marie, garde-nous fidèles à ton Fils. Marie, garde-nous auprès de toi tout au long de ces jours-ci, que nous puissions suivre ton Fils dans sa Passion, dans sa mort et dans sa résurrection, pour que nous recevions de lui la vie, la vie éternelle.

Père Jean-Christophe Slaiher

 

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