L'Abbé Giraud, ce héros
Il y a cent ans, les soldats du 144e régiment d'infanterie basé à Blaye avaient quitté la citadelle depuis un mois et gagné le front. La Première Guerre mondiale avait déjà fait des dizaines de millier de morts et les canons n'allaient pas se taire avant quatre longues années durant lesquelles s'est illustré le 144e RI.
Samedi 6 septembre, les autorités militaires et la municipalité de Blaye ont honoré la mémoire de ce régiment basé dans la citadelle entre 1874 et 1914 et dont les hommes ont participé à toutes les grandes batailles de la Grande Guerre. La Marne en 1914 et 1918, Verdun, la Somme, l'Aisne, etc.
Pour chaque régiment mis à l’honneur lors de l’opération « 100 villes, 100 drapeaux, 100 héros », la mémoire d’un homme valeureux est saluée. Un « héros » qui s’est particulièrement illustré lors du premier conflit mondial. Pour le 144e régiment d’infanterie qui était basé à Blaye, ce n’est pas un soldat en arme, mais un brancardier et homme de Dieu qui a été choisi : l’abbé Jean-Gaston Giraud.
L'Abbé GIRAUD a été ordonné prêtre en 1902 à l’âge de 24 ans. Il a exercé sa prêtrise en Gironde à Talais, Langon et Bordeaux.
Jean-Gaston GIRAUD est incorporé en 1914, au 144ème Régiment d'Infanterie. Notre régiment était alors stationné à Bordeaux , à Blaye et à Royan. Au tout début du conflit, il est affecté à la 18ème section territoriale d'infirmiers et voyage dans les trains sanitaires.
En 1916, il est aumônier volontaire au groupe de brancardiers du 18ème Corps d'Armée.
L'abbé Giraud accompagne le 144ème R.I qui prend part aux combats du Nord Est de la France :
- l'Aisne tout d'abord (avec les combats de Fismes, Longueval, Verneuil et Vendresse),
- puis c'est Verdun (au Fort de Valmy, à la Redoute de Thiaumont, et à Fleury),
- viennent ensuite les combats de l'Argonne.
En 1917, l'Abbé Giraud suit le 144 qui est envoyé dans la Somme puis au Chemin-des-Dames. Il est dirigé ensuite vers l'Alsace puis la Champagne jusqu'en 1918. Ce seront les terribles combats du plateau de Vauclerc, des Casemates, et d'Hurtebise.
Les témoignages évoquent le souvenir
« d’une haute silhouette drapée de noir, surmontée d’une tête au profil de médaille, circulant par tous les temps dans les tranchées et boyaux, apportant à chacun le réconfort de sa présence et de sa parole indulgente et amicale ».
Jean-Gaston GIRAUD est fait prisonnier le 3 juin 1918 et se retrouve en captivité en Pologne. Il sera libéré le 3 janvier 1919.
Son retour à Bordeaux se fait après un long périple par la Hollande, Dunkerque et la traversé de tout le pays.
L'abbé Giraud est très vite rappelé par l'armée du Rhin où il est intègre successivement les 5ème et 21ème régiment de Dragons, du 30 octobre 1920 au 30 mars 1921.
Démobilisé, il rentre en France comme curé, puis Doyen de la paroisse de Castillon-la-Bataille. Il y restera jusqu'à ce que l'épuisement l'oblige à démissionner en 1950.
Bien qu'arrivé au bout de ses forces, il continue d'être attaché à ses frères d'armes et bénit le drapeau de l'Amicale des Anciens poilus du 144 en 1957.
Chevalier de la Légion d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre, l’Abbé GIRAUD décède le 21 octobre 1962.
Un vitrail intitulé « Nuit calme sur le reste du front » représente l’Abbé GIRAUD dans l'église de Castillon la Bataille.
(Voir : http://amicale144ri.fr/media/Abb-_Jean_Gaston_Giraud_Aum-nier_du_144.pdf)