Fête de tous les Saints et commémoration des fidèles défunts
Cette solennité de Tous les Saints, samedi 1er novembre, ainsi que la commémoration de tous les fidèles défunts en ce dimanche 2 novembre furent suivies des visites dans les différents cimetières de l’ensemble pastoral pour la bénédiction des tombes par l’Abbé Jean Christophe SLAIHER, l’Abbé Thierry GOUZE, diacre ou Jean Paul GRANGETEAU, diacre permanent.
Mais ces deux cérémonies furent encadrées par une Adoration, inaugurée par les premières vêpres de la Toussaint vendredi à 18h et achevées par les secondes vêpres de la Toussaint vingt-quatre heures plus tard. Les paroissiens se sont relayés dans l’église saint Romain en présence du Saint Sacrement au cours de la nuit et de la journée de samedi, débutée par la prière des laudes.
Un temps de prière et de communion intense pour notre communauté paroissiale. Et comme il fut chanté à l’ouverture de la messe des défunts :
« Bénissez Dieu, vous serviteurs de Dieu,
vous tous qui demeurez dans la Maison de Dieu.
Levez les mains vers le Dieu trois fois saint,
proclamez qu’il est grand,
que son Nom est puissant ! »
Homélie de Toussaint
Tous les saints que nous fêtons aujourd’hui, c’est-à-dire toutes les personnes qui sont déjà au ciel, dans la gloire de Dieu ont su, durant leur vie, être humbles, être doux, pleurer, avoir faim, être miséricordieux, avoir un cœur pur. Et maintenant, ils sont heureux, d’un bonheur complet et qui ne finira jamais. Les Béatitudes, qui pour nous restent mystérieuses, se réalisent pour eux. Ils en comprennent tout le sens, toute la vérité, toute la profondeur. Mais les Béatitudes expriment aussi une vérité que nous pouvons déjà expérimenter sur cette terre. Ceux qui sont heureux ne sont pas ceux qui recherchent le plus de richesse, de plaisir, de pouvoir, ce sont ceux qui savent vivre la sagesse, la vérité de l’Evangile et qui ont compris que sans effort, sans sacrifice, sans don de soi, sans renoncement, il n’y a pas de véritable bonheur possible, tant que nous sommes dans le monde. C’est un des mystères de la condition humaine. A vouloir éviter à tout prix le sacrifice, on se retrouve avec une vie insipide, une vie qui perd son sens, une vie tiède. Il y a cette parole de l’Apocalypse : « Les tièdes, je les vomis. » (« Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Ap 3, 15). Aucun d’entre nous n’a vocation à la tiédeur. Pour trouver le bonheur, il faut savoir accepter, à la suite de Jésus, la croix dans notre vie, condition indispensable pour trouver la paix de l’âme et la véritable joie. Les Béatitudes sont donc une grande aide pour chacune de nos vies. Cela vaut la peine de les relire, l’une après l’autre, lentement, en se demandant si je peux dire que cette béatitude est présente dans ma vie, et sinon, essayer de penser à ce que je dois faire pour la vivre davantage. Si je ne pleure pas, si je ne me laisse pas atteindre, ne serait-ce pas que mon cœur est insensible au malheur des autres, à la souffrance de mes frères, absence de compassion, et que je dois apprendre à l’ouvrir, à m’intéresser à ce qui arrive à mon prochain.
C’est un véritable guide pour notre vie que nous donne Jésus. Il nous faut absolument comprendre que toute notre vie est orientée vers la gloire, vers la béatitude. Nous sommes faits pour cela mais nous avons besoin de convertir notre regard. Dans notre vie, nous ne voyons que l’envers des choses. C’est Dieu qui voit l’endroit des choses. Nous pensons que notre vie est ici et maintenant, que toute notre vie se résume aux années que nous avons passé sur cette terre et qu’à la fin, on pourra regarder notre vie en se demandant : « Ai-je réussi ma vie, oui ou non ? », comme si elle avait un sens uniquement pour ce temps. Ce n’est pas la vérité des choses, ce n’est pas la réalité de notre vie. Lorsque vous semez dans vos jardins une plante, une fleur, lorsqu’un agriculteur sème son blé, plante sa vigne, il y a une finalité qui est cette fleur, ce raisin, cet épi de blé. Pendant longtemps, on va voir grandir, s’épanouir cette plante avant de s’achever dans ce pour quoi elle est faite. Pour notre vie, nous pensons que cette fleur est pour ce monde ci. Et bien non. Lorsque nous contemplons une tapisserie, nous voyons l’endroit des choses, et cela est splendide, mais si nous regardons derrière, l’envers, c’est très moche, il y a des fils dans tous les sens, cela n’a pas d’harmonie. Dieu, lui, voit l’endroit des choses, et nous sur terre, nous ne voyons que l’envers. Nous ne voyons que ce qui est moche, c’est-à-dire nos limites, notre péché, les erreurs de ce monde, les conflits, les faiblesses. C’est vraiment cette réalité devant laquelle nous sommes. Nous voyons l’envers des choses. Et cette fête de la Toussaint est là pour nous dire « Essayez de regarder l’endroit, essayez de regarder votre vie du côté de Dieu. Lui, il voit l’harmonie, il voit quelle est notre vocation. » Cette tapisserie, c’est le ciel, mais ce ciel, cette vie à venir se prépare ici-bas, par nos vies, ordinaires, et pourtant des vies de sainteté qui doivent nous conduire à cette béatitude, à cette réalité du ciel.
Demandons au Seigneur, en cette fête de la Toussaint, de convertir notre cœur pour nous dire que tout ce que nous vivons de charité entre nous, d’amour pour Dieu, pour nos frères, tous nos actes concrets nous préparent à la gloire, que nous ne voyons pas encore les effets, la réalité, que nous sommes toujours du côté de l’envers même si parfois nous pressentons un peu les choses. C’est le mystère de la croix, le mystère de chacune de nos vies. Demandons au Seigneur cette conversion du regard, cette conversion du cœur, pour que nous puissions avancer joyeusement sur ce chemin de la sainteté en étant sûrs que ce qui se prépare, c’est ce qu’il y a de plus beau, ce pour quoi nous sommes faits, ce que Dieu attend de toute son œuvre de création. Amen.